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Mon ti-billet

Coucou mes poulettes, la barge est de retour avec certes, quelques heures de vol en sus mais toujours aussi émoustillée à l’idée de reprendre sa plume et de vous chatouiller le dessous des pattes histoire de vous faire sautiller. 
Bref, sans plus attendre je vous laisse découvrir mon nouveau babillage , migrons toutes mignonnes, droit devant !!!
 
N’imaginez pas une seconde que changer de nid soit chose aisée ; on a beau aimer s’envoler,  seize années à amasser des brindilles,  à caqueter (pas qu’avec des bécasses ) à se lisser la plume sans toucher au duvet, à picorer joyeusement sur des perchoirs dorés, tout cela mes dindonnes adorées ne se chasse pas du  revers d’une manche et vous marque à jamais!
Alors bien sûr me direz vous, ce n’est pas la première fois que tu migres... et des brindilles il y en a partout, eh bien non , ici, ce ne sont pas les mêmes !! 
Finis les cocotiers, les palmiers exotiques les grands multipliants, l’arbre du voyageur,  envolé le palmier céleri et sa tribu d’iguanes,  les nids de kikiwis, les jolis colibris, parti le palmier bâche et le bleu du Bismarck plus de tortues et leurs traînées noirâtres déposées en offrande sur ma terrasse, voilà ce que migrer implique : une résilience écologique!! Une tornade affective ! 
Mais tout cela  je l’emporte avec moi, j’emporte l’amitié, vos générosités du cœur, les franches rigolades, l’écoute et la douceur amie, le bruissement des robes durant le carnaval.
Les caractères impétueux! 
Tout je prends tout . 
Mon cœur pour vous s’est fait carbet!!


Jour-J

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Me voilà donc au milieu des cartons, rêvant d’immobilisme, de mes ti-punchs passés , de mes barges à venir et leurs futurs sourires!

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Chaud devant 

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Je les attends sur le pas de la porte... j’ai acheté quelques viennoiseries et je me demande ... combien seront-ils pour vider ma maison ?
Quatre ils sont quatre,  Guyanais pour la plupart, rompus à l’exercice ils déchargent les cartons, penderies, papiers, rouleaux de scotch d’un énorme camion .
Le chef d’équipe m’invite à faire le tour de la maison qui dans quelques heures raisonnera de vide !
Toutes les pièces ont fait l’objet d’un interrogatoire, il y a ce qui part et ce qui doit rester sur place. Enfin, chacun se répartit la tâche et durant une journée tout va être emballé !!
Je cherche un coin où me poser, je suis partout et nulle part! Je me déplace dans cette maison qui perd de sa superbe à coups de cutter et de bruit de cartons enrubannés !
L’ambiance est studieuse, les gestes lents et précis pour certains, très lents mais appliqués pour d’autres, déménageur c’est un métier !
La maison vide résonne en effet et moi plus du tout !
Je me prépare à dire au revoir à notre nid douillet et ce n’est pas si simple !!
Les murs sont tapissés de nos mots, de nos joies, de nos fêtes et de nos peines aussi. 
Un chemin de vie gravé là en sourdine à jamais. D’autres que nous y inscriront leur vie, je leur souhaite bonne.

Je jette un dernier coup d’œil à mon jardin et j’imprime ce joli paysage, là, les maracujas ici, mes orchidées, plus haut chatouillant les nuages mes cocotiers fragiles mais fiers, un nid de kikiwis ondule sur la plus haute palme, les iguanes vert fluo se cachent en chiffonnant les feuilles amadouées !
Devant, notre jeune manguier et ses fruits à venir...
Mon coeur se noie des larmes qu’il me faudra verser.

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